Pourquoi j’étais en grève le jeudi 1er février.

mise à jour 7/2 11h40

Bonjour à tous,

Le gouvernement et le ministère de l’Education Nationale nous demandent une nouvelle fois de modifier la structure des enseignements pour les classes de 6ème et 5ème en maths et français, ainsi que notre façon de fonctionner pour ces niveaux.
 
L’objectif est de créer des groupes de niveaux. Un des aspects de cette restructuration peut paraitre positif, cela permet à des élèves en difficultés dans ces matières fondamentales de travailler par groupes de 15.
Plusieurs problèmes en découlent : 
Les autres élèves sont dans des groupes de 26 et pour la plupart dans des groupes de 30, sans aucune séance en petit effectif.
Selon les prévisions, nous devrions avoir 2 groupes de 15, soit 30 élèves étiquetés en difficultés sur le niveau 6ème, sur 240 élèves prévus environ sur le niveau.
 
Pour les 210 autres élèves, nous ne pourrons plus prendre le temps de passer auprès de chacun pour les aider comme le font actuellement les enseignants pour les séances d’AP. Ces 210 élèves n’ont pas tous un niveau excellent et beaucoup ont besoin que nous prenions du temps avec eux pour les guider et mieux cibler leurs difficultés.
 
Quant aux 30 élèves sélectionnés, pour les parents des élèves concernés et pour les enfants eux-mêmes, je ne suis pas sûr que cela soit facilement accepté de se retrouver dans ce groupe.
Les objectifs seront forcément revus à la baisse dans les groupes en difficultés par rapport aux autres. Les élèves qui commencent dans ces groupes auront pour la plupart du mal à passer dans des groupes supérieurs par la suite. Nous avons peur que cela revienne à déterminer dès le début de la 6ème les élèves qui seront accompagnés dans la voie pro.
C’est une filière très intéressante, mais difficile de l’envisager dès la 6ème.
 
Les groupes de niveaux ont déjà été expérimentés par le passé avec chaque fois la même conclusion. Cela ne marche pas !
Il faut des élèves moteurs dans toutes les classes. On ne peut pas viser que les bases et supprimer toutes les situations qui permettent une réflexion et une ouverture d’esprit sous prétexte qu’on s’adresse à des élèves en difficultés.
 
L’objectif annoncé du gouvernement est de généraliser ces groupes en 4e et en 3e à la rentrée 2025. Cela veut dire la fin des groupes d’AP en 4e et en 3e qui profitent à tous les élèves, toutes les semaines.
Ce n’est pas acceptable !
 
Bien sûr, il n’est pas prévu de donner des moyens significatifs pour permettre d’absorber les heures nécessaires. Les enseignants de ces deux matières vont faire plus d’heure avec plus de groupes. Ils n’auront pas tous les élèves d’une classe.
Oui, les classes vont continuer à fonctionner pour les autres matières. Ils ne pourront donc plus être profs principaux sur ces niveaux, puisqu’ils n’auront pas tous les élèves. Plus de la moitié des PP de 6ème sont des profs de maths et de français et il est très difficile de trouver des enseignants prêts à accepter cette responsabilité et cette charge de travail supplémentaire.
Je vous laisse imaginer les difficultés d’organisation, les heures en barrette et autres contraintes d’emploi du temps.
Avec ces heures en plus pour les maths et le français, les autres collègues auront moins d’heures dans leurs matières. Les classes et les groupes de langues à 30 ? Plus de dédoublement en sciences quel que soit le niveau ? À court ou moyen terme, c’est ce qui nous attend.
 
Les enseignants et la Direction ont déjà dû tout restructurer l’année dernière avec la réforme sur la 6ème et on nous demande cette année de tout recommencer.
Les réformes sont décidées par certains sans connaissance de la réalité du terrain.
Cela souligne une nouvelle fois le manque de considération dont nous sommes victimes.
Ne soyons pas étonnés de la crise des vocations pour l’enseignement. Il n’y a pas assez de candidats pour le nombre de postes à pourvoir en maths, c’est révélateur !
 
Bien sûr, nous ne sommes pas les plus à plaindre. Pour autant, il nous parait indispensable de tirer la sonnette d’alarme. Cela ne peut pas continuer comme ça !
Pour nos conditions de travail, pour nos salaires, pour nos élèves, j’étais en grève jeudi 1er février.